Sélection TV hebdomadaire

 

Dimanche 19 mai 2024

1974, une partie de campagne

 
Film documentaire de Raymond Depardon (France, 1974)
 
Dimanche 19 mai 2024 à 21h05 sur  Durée : 90 minutes SHS 32-34 EN 31 
 
Trente-huit ans avant de signer le portrait officiel du président Hollande, Raymond Depardon tourna un film de commande pour Valéry Giscard d'Estaing, candidat à l'élection présidentielle de 1974. VGE avait vu Primary, documentaire de l'Américain Richard Leacock sur la campagne de John Fitzgerald Kennedy en 1960 ; et c'est à la manière d'un monarque d'antan que, non sans vanité, le « jeune » politicien souhaita fixer sur pellicule sa glorieuse accession au pouvoir.
 
Longtemps empêché de diffusion par l'intéressé lui-même, prétextant que le film n'avait pas vocation à être programmé mais à constituer une archive, 1974, une partie de campagne mérite d'être (re)découvert à plus d'un titre. Non seulement parce que, bénéficiant d'un accès au candidat aujourd'hui inenvisageable, ce film donne à mesurer combien la course à l'Elysée différait alors, dans ses modalités, de celles de notre temps — il faut avoir vu Giscard apprendre son élection seul devant son poste ou, fraîchement élu, circuler tout aussi seul dans Paris au volant de son automobile. Ensuite, parce qu'il brosse un portrait amusant de ce grand garçon emprunté, satisfait de lui-même et d'une grande finesse politique. Enfin, parce qu'il porte en germe les qualités de Raymond Depardon, photographe chevronné mais cinéaste débutant, encore marqué par l'esthétique du cinéma direct américain — caméra portée hyper mobile, construction heurtée, absence de commentaire... (Télérama)

 

 

Lundi 20 mai 2024

Où est Anne Frank !

 
Film d'animation de Ari Folman (Belgique / France / Israël, 2021)
 
Lundi 20 mai 2024 à 14h sur Durée : 100 minutes SHS 32 EN 31
 
Anne Frank est notre meilleure amie. De cette figure que le temps a sacralisée et peut-être éloignée de nous, des plus jeunes en particulier, le réalisateur talentueux et anticonformiste de Valse avec Bachir (2008) fait une fille comme les autres, une adolescente adorable.
 
La belle idée du film est de réaliser un rêve de la petite Allemande d’Amsterdam : enfermée, à partir de 1942, dans le fameux Annexe, l’appartement caché où son père espère pouvoir soustraire cette famille juive à la folie meurtrière des nazis, Anne écrit son journal et s’invente une confidente, une grande copine, Kitty. Ari Folman lui donne vie, magiquement. Capable d’aller et venir entre notre présent et le passé, Kitty devient notre guide. Et nous fait une place entre elle et Anne, au cœur de leur amitié.
 
Et si on relisait le Journal d’Anne Frank ?
Plus libre qu’une adaptation-illustration du Journal, le film convoque toute la créativité du dessin animé pour saluer l’imagination d’Anne Frank. Aussi spontanément qu’elle a créé Kitty, elle en appelle aux stars de Hollywood qu’elle admire, notamment Clark Gable, pour former une armée qui va écraser les troupes du IIIe Reich.
 
Merveilleuse vision offerte par Ari Folman, dont le goût visuel apparaît pourtant changeant, tantôt audacieux et tantôt trop sage. Mais il est vrai que tous les contrastes sont réunis ici. L’énergie lumineuse de la bouillonnante Anne, qui veut s’échapper de la souricière que devient son refuge ; la réalité toujours plus menaçante des camps d’extermination, où elle mourra, à 15 ans.
 
On sent l’envie de retraverser cette histoire de toutes les façons possibles, d’être dans la vie retrouvée comme dans la pédagogie, de parler aux adultes comme aux enfants (Où est Anne Frank ! est aussi un roman graphique paru aux éditions Calmann-Lévy). Par excès d’ambition, le film se condamne à ne pas tout réussir : son titre, trop réfléchi, devient conceptuel, et, plus gênant, dans la dernière partie, un message humaniste est asséné d’une manière bien scolaire. Reste, heureusement, la force d’une vraie richesse d’inspiration à travers laquelle chacun pourra trouver son chemin vers Anne. (Télérama)

 
 Dossier pédagogique 

 

 

Mardi 21 mai 2024

Pédocriminels, la traque

 
Film documentaire de Laetitia Ohnona (France, 2024)
 
Mardi 21 mai 2024 à 20h55 sur  Durée : 95 minutes EN 31-33 
 
En 2022, quelque 88 millions d'images pédocriminelles circulaient dans le monde et, chaque seconde, au moins deux images de viols d'enfant sont échangées sur Internet. Partout où enfants et ados passent du temps (jeux vidéo en ligne, réseaux sociaux), des prédateurs sexuels sont, eux aussi, connectés. Depuis les confinements liés à la pandémie, les tentatives de grooming (ou sollicitation sexuelle de mineurs en ligne) ont explosé. Parallèlement, une pratique ne cesse de s'étendre : le viol d'enfants à distance, soit la commande d'agressions sexuelles à l'autre bout du monde, auxquelles on peut assister en direct. Face à l'ampleur de cette vaste scène de crime, les forces de police s'organisent. (Télérama)

 

 

Entre les murs

 
Film long métrage de Laurent Cantet (France, 2008)
 
Mardi 21 mai 2024 à 21h10 sur Durée : 120 minutes EN 31 
 
La chronique d’une classe de quatrième : c’était la règle que s’était fixée François Bégaudeau dans son livre. Laurent Cantet la garde. Face aux élèves qui « vannent » sans arrêt, François a fort à faire. Mais il possède une qualité : il incite à parler, il la joue collectif, pour filer la métaphore footballistique. D’où le feu d’artifices de la langue, avec tous ses rythmes et mixages possibles (verlan, arabe, etc.).
 
L’énergie est le maître mot, ce sur quoi le film s’appuie pour croire que rien n’est perdu. Énergie débordante d’une jeunesse plurielle. Lorsqu'Esmeralda, Souleymane ou Khoumba s’expriment, ce sont aussi leurs visages, leurs corps tout entiers qui entrent en action. Le film dégage quelque chose de musical et de chorégraphique à la fois. Comme si l’important, pour Cantet, était de sonner non pas vrai mais juste. Ni état des lieux alarmiste ni profession de foi à l’optimisme béat, Entre les murs montre surtout l’école comme le siège d’un formidable jeu social, y compris entre les professeurs. Un jeu de pouvoir, de feintes et de stratégies diverses, où chacun tente avec plus ou moins de bonheur de se distinguer. (Télérama)

 
 Fiche pédagogique e-media 


Mercredi 22 mai 2024

Tax Wars – La bataille pour la justice fiscale

 
Film documentaire de Hege Dehli (Norvège, 2024)
Mercredi 22 mai 2024 à 22h sur  Durée : 93 minutes FG 37 SHS 34 
Tax Wars nous plonge dans les coulisses d’un combat mondial contre l’évasion fiscale des multinationales, une nécessité afin de donner aux Etats les moyens de financer les services publics et de lutter contre le changement climatique, au Nord comme au Sud. A la pointe de cette lutte, une poignée d’experts « chevaliers de la justice fiscale ». (RTS)

 

 

L'empire du silence

 
Film documentaire de Thierry Michel (Belgique, 2021) FG 37 SHS 32 
Mercredi 22 mai 2024 à 23h45 sur  Durée : 57 minutes
Depuis vingt-cinq ans, la République démocratique du Congo est déchirée par une guerre ignorée des médias et de la communauté internationale. Les victimes se comptent par centaines de milliers, voire par millions. Les auteurs de ces crimes sont innombrables: des mouvements rebelles, mais aussi des armées, celles du Congo et des pays voisins... (RTS)

 

 

Jeudi 23 mai 2024

La Révolution des œillets

 
Film documentaire de Bruno Lorvão et Paul Le Grouyer (France, 2024)
 
Jeudi 23 mai 2024 à 14h sur  Durée : 58 minutes SHS 32
 
«Grândola, Vila Morena… » Dans la nuit du 24 au 25 avril 1974 à Lisbonne, cet air résonne sur les ondes de Radio Renascença. À cet appel, au petit matin, près de quatre mille soldats se soulèvent contre la dictature instaurée par Salazar et perpétuée par Caetano qui gangrène le Portugal depuis plus de quarante ans. En quelques heures, le coup d’État des « Capitaines d’avril », orchestré par Otelo Saraiva de Carvalho et mené notamment par Fernando José Salgueiro Maia, renverse le régime. Des milliers de Lisboètes affluent alors dans les rues, œillets à la main.
 
Dans un documentaire riche d’archives photographiques, radiophoniques, filmiques et manuscrites, Bruno Lorvão et Paul Le Grouyer replacent ce coup d’État dans un contexte politique, économique et social critique et retracent les moments phares de cette journée historique. L’arrivée des capitaines sur la place du Commerce, capturée par un cinéaste amateur, la rencontre entre armées régulière et rebelle, dans l’objectif d’un photojournaliste, et enfin la profusion d’œillets, symboles de non-violence, à la une de tous les journaux portugais. À l’aune du cinquantenaire du 25 avril, ce film se distingue ainsi grâce à son approche synthétique éclairante mais surtout quelques archives inédites, glanées dans des fonds d’envergure mais aussi auprès de particuliers (la veuve du capitaine Maia y compris). (Télérama)

 

 

Tuer l'Indien dans le cœur de l'enfant

 
Film documentaire de Gwenlaouen Le Gouil (France, 2021)
 
Jeudi 23 mai 2024 à 01h30 sur  Durée : 80 minutes SHS 32 FG 35 
 
En hiver, lorsque le froid fige Thunder Bay en Ontario, seuls errent dans les rues désertées des dizaines d’Amérindiens. Tristement réputée pour son taux de criminalité élevé, la ville canadienne est une terre d’accueil de Premières Nations vivant dans une extrême précarité, en proie à de multiples addictions et cibles de discriminations. Dans un documentaire poignant, le reporter Gwenlaouen Le Gouil explore les violences dont sont victimes les membres de ces populations indigènes du Canada, cruel héritage d’un passé colonial encore tabou.
 
L’un d’entre eux, Edmund Metatawabin, aborde, dans un témoignage horrifiant, le « pensionnat autochtone » dans lequel il a été envoyé de force, comme près de 150 000 enfants avant 1996. Séparés de leurs familles regroupées dans des réserves, ils traversaient alors l’enfer, victimes des pires sévices qui visaient à faire d’eux « de bons petits Blancs ». Ce traumatisme a non seulement « tué l’Indien dans le cœur de l’enfant », mais il a aussi anéanti tout espoir d’une vie équilibrée pour la plupart des Amérindiens. En s’appuyant sur les propos bouleversants des anciens pensionnaires de ces institutions brutales, mais aussi sur une immersion glaçante au sein de la police locale de Thunder Bay, Gwenlaouen Le Gouil met en lumière les stigmates bien actuels de cette politique d’acculturation forcée. Une démonstration implacable au cœur d’une enquête édifiante. (Télérama)